Rogé Girard (1972, Québec, Canada) vit et travaille à Montréal, où il se consacre aujourd’hui entièrement à la peinture non figurative. Lauréat à deux reprises du Prix du Gouverneur général du Canada et récompensé par le New York Times pour ses illustrations, il a récemment présenté son travail pictural à la galerie Erga (Montréal) ainsi qu’au sein de la foire Frieze à Los Angeles.

Depuis qu’il a tourné son regard vers l’abstraction, Rogé Girard explore une peinture intuitive, guidée par le geste, l’énergie et la mémoire du corps. Sa pratique privilégie l’improvisation comme moyen de contournement du mental. Chaque tableau devient ainsi un champ de tension entre l’élan intérieur et la tentation du contrôle, entre la liberté brute du geste et la voix insidieuse de l’esthétique maîtrisée.

« Lorsque je peins, je cherche un geste vif, libre, parfois arraché au silence. Je veux que le mouvement porte la trace d’un élan vital, d’une nécessité intérieure. »

Ses œuvres, tout en restant résolument abstraites, évoquent des présences : des paysages intérieurs, des fragments de nature ressentis plus que vus. Il y a dans cette peinture une volonté de s’ancrer dans un espace sans jamais l’illustrer, de faire résonner le souvenir d’un lieu — forêt, marécage, bord de mer ou sentier — à travers des rythmes de formes, de textures, de couleurs.

Chaque toile devient ainsi un territoire mental, à la fois intime et ouvert, où le regard est invité à s’égarer, à ressentir plutôt qu’à reconnaître.

« Je ne peins pas un paysage. Je peins ce que le paysage déclenche en moi. »

La peinture de Rogé Girard se situe à la jonction du chaos et de l’harmonie, de l’instant et de la durée. Elle fait écho à cette lutte silencieuse entre le désir de contrôle et l’appel profond du lâcher-prise : un mouvement vers l’essentiel, vers la vérité du geste.



Rogé Girard (b. 1972, Quebec, Canada) lives and works in Montreal, where he is now fully devoted to non-figurative painting. Twice awarded the Governor General’s Award and recognized by The New York Times for his illustrations, he has recently exhibited his paintings at Galerie Erga (Montreal) and during Frieze Los Angeles.

Having shifted his focus toward abstraction, Girard explores an intuitive approach to painting — one led by movement, energy, and the memory of the body. Improvisation is central to his practice, serving as a way to bypass the rational mind. Each work becomes a field of tension between inner impulse and the desire for control, between the raw vitality of gesture and the seductive pull of aesthetic order.

“When I paint, I seek a gesture that is quick, sure, and free — something that carries the energy of release.”

While his paintings remain resolutely abstract, they often evoke a sense of place — inner landscapes shaped by emotion and sensation rather than representation. Girard’s works resonate with the memory of forests, coastlines, trails, marshes, or mountains — spaces not depicted, but deeply felt.

“I don’t paint landscapes. I paint what the landscape awakens in me.”

Each canvas becomes a mental terrain, intimate yet expansive, inviting the viewer to wander, to feel, rather than to decipher. Rogé Girard’s work lives at the threshold between chaos and harmony, between instinct and structure — a continuous negotiation between surrender and control. Through this fragile balance, his painting seeks to reveal the truth of the gesture, the urgency of the inner voice.